Eole


C’est l’histoire d’un grand vent, tellement grand, qu’il empêche de respirer. Le grand vent descend, longe, remonte et contourne sans effort. En force, en puissance. Il trace son chemin sans délai, avec comme conduite, le bout de l’horizon. S’il faiblit, c’est que l’espace s’agrandit. S’il accélère, c’est qu’il se réduit. Le chemin est immuable. De volonté, il n’est pas question !

C’est un serpent dans les dunes. Une force au sommet de la montagne qu’il dévale. Il vibre sur les parois ébréchées. Il chante lorsque sa ligne s’aiguise au gré d’un bord net ou d’une branche solide.

C’est un grand vent qui emmène tout et rien à la fois. Il écume son chemin, laisse l’inutile au temps de sa traîne sans fin. Il englobe un bout de demain puis l’éjecte sans rancune, au-delà de tout ou de rien. Celui qui l’entend arriver croit savoir, mais après son passage, ne reste que le souvenir d’une sensation, que jamais plus, il ne retrouvera. Il ne soucis pas de qui il croise. Il passe juste. Il laisse une pseudo connaissance, si éphémère que la seconde suivante, le cerveau n’est plus si certain de ce qu’il a touché.

Le grand vent court au-dessus des vagues, prend un grain de sel pour le semer sur le bord d’une plage. Il fait briller d’une lumière claire de lune, le sable dans un tourbillon impatient de trouver son centre.

Le grand vent, chasse et pêche en même temps. Il pousse la voile puis la délaisse. Comme une évidence, que là, n’est pas son destin ! Le grand vent sur les stèles froides du souvenir descend plus encore les degrés contrariés par une saison imaginaire. Les flocons en quinconce se crispent sur son passage pour se figer en glace aussi simplement qu’il est plus loin. Si éloigné que personne ne s’en souvient.

Le grand vent au rythme lent de l’espace s’aplanit pour laisser le bruit sourd du tambour résonner au cœur de sa matière. Il se forge en vibrations profondes et régulières puis s’efface dans l’absence de résistance. Il laisse la sensation d’avoir perçu son noyau sans endroit battre si fermement, que c’est une marche forcée avec laquelle il chemine sans lien et laisse l’espoir dans un fil de rien.

C’est l’histoire d’un grand vent, qui de chemin, n’a pas en matière, mais qui dans l’empreinte laisse un souvenir lointain. Il est sans temps, sans durée, sans envie, sans raison, qu’il faut le laisser faire aussi simplement que l’ouïe l’entend arriver. Une fois que le grand vent vous a traversé, il ne reste plus rien de vous, juste une réminiscence abstraite de son passage.

Le grand vent vide et libère plus loin de vous ce qu’il a pris à l’instant de votre rencontre. Ainsi vous comprenez que tout est à construire. Un jour, ce grand vent, c’est écrit ainsi, vous emmènera sans vous choisir. Vous serez le tambour de sa vibration.

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