L’arbre de glace

L’arbre de glace fige le temps. 
Le vent le frôle. Sans feuilles, il n’est que stature impersonnelle. 
De plus près, le reliquat de brume glacé lui donne l’envie de se réchauffer dans les bras de celui qui le voit. 
Sans pieds, il ne peut que rester stoïque. 
Les branches en creux sombres, sèches de veines vie, d’envies. Il crie “chaleur dans mon coeur!” . 
Les rameaux crispés sur un froid qui n’est pas sien. La mousse en couverture mince à son extrait de sève. Les racines se serrent en noeud chaleureux. 
L’arbre appelle les oiseaux de lui rappeler son sourire, par leurs sauts impertinents sur ses frêles branches. L’arbre éternue dans son tronc. 
La brume qui le cache, voile de ténèbre blanche. Le ciel éteint dans une couleur gris-blanche, il rit de ne savoir où le soleil se pointe. De l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, il essaye de deviner l’horizon de demain, sans certitudes.  
Il patiente dans son écorce. Espère, que le soleil ne s’enrhume pas. 
Il reste la lune, qui, elle, sera aussi absente devant ce drap hivernal obligatoire à sa saison.
La nuit dernière, il a fait un rêve bruyant d’éclats colorés autres que les étoiles habituelles. Certaines sont venues le réveiller dans sa silencieuse posture. 
Mais, ce jour plus rien ne vient l’éclairer. Il laisse la nuit l’englober pour que demain, la brume poussée par le souffle de sa vie, le reverdisse en feuilles bruissantes au gré des courants d’air. 
L’hiver en socle de source, de ressourcement obligatoire pour éclater toute sa beauté dans l’esprit de celui qui l'enserre de chaleur.
L’humanité est un arbre avec ses temps de pauses, de vies, d’espérances, de renaissances, d’absences, de présences dans l’immensité de son décor sans temps.