La maison éloignée


Synopsis :

Les enfants ont l’imaginaire qu’il faut, pour espérer et croire. À travers leurs mésaventures, poussées par une curiosité enfantine, deux jeunes enfants vont comprendre que ce à quoi ils croient n’est pas forcément réalité. La beauté d’avant Noël même surprenante reste un rêve ou une réalité. La frontière est mince lorsque l’innocence ouvre les yeux sur la croyance et sur l’avenir.

Laissons les enfants dessiner leurs personnages, c’est le plus beau cadeau à faire !

La maison éloignée

Il était une fois dans un village lointain, une maison éloignée qui ne s’allumait qu’au premier dimanche de l’avent, et cela pendant les quatre semaines précédant Noël, laissant le mystère planer sur le possible hôte qui s’y trouvait.

L’imaginaire des habitants et celui des enfants laissaient imaginer qu’un personnage mystique, magnifique tel un ange ou des lutins du père Noël s’y installaient. La pensée cartésienne laissait entendre que cette maison retrouvait son propriétaire. Un marchand international obligé de beaucoup voyager.

Le village de cent habitants était un petit bourg simple, modeste tout comme ses habitants. La maison dont jamais personne n’avait vu le propriétaire se situait un peu éloignée du centre. Elle était séparée du village par un chemin forestier. Une forêt de sapins aux branches denses qui sifflaient les jours de grand vent, menait en linéaire élevée jusqu’à ladite maison, si bien que lorsque les luminaires s’allumaient, du centre du bourg, celles-ci étaient aisément visibles.

Maelys et Thomas, âgés de six ans, intrigués par cette maison depuis la naissance de leur amitié, et avec l’innocence se mirent en tête d’élucider ce mystère.

En ce dimanche, le premier de l’avent, Thomas vint rejoindre Maelys sur le pas de sa maison. Une idée a germé dans leurs esprits. Ils veulent savoir, car ce soir la maison éloignée s’illuminera. Quelques jours auparavant, Thomas a exprimé à Maelys son souhait de découvrir la véritable identité de son occupant. Maelys avait fait preuve de bravoure. Devant l’assurance de Thomas, elle avait acquiescé à cette idée. Ensemble, ils avaient étudié le chemin pour y parvenir, ne s’étant jamais éloignés aussi loin du village. De plus, il fallait rassurer les parents en mentant de manière crédible à leurs jeux de cet après-midi-là.

Thomas regarda dans les yeux noisette de Maelys, assura à sa mère qu’ils seraient rentrés pour dix-sept heures, avant la tombée de la nuit. Thomas se retourna vers Maelys et lui demanda si elle était prête.

– Oui Thomas, j’ai pris de quoi goûter pour nous deux !

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Ils ne changeraient pas leur plan. Emmitouflés dans leur doudoune, le bonnet vissé sur la tête, les gants accrochés à leurs poches. Un froid acerbe couplé au vent aggravant son effet rougissait déjà leurs joues d’une couleur pourpre. Ils longèrent les rues du bourg jusqu’au bout de la route. Ils avaient décidé de couper en ligne droite à travers la forêt. La vigueur du jeune Thomas aidait Maelys à se sentir rassuré par ce choix.

Au milieu de la forêt, quelques craquements s’entendaient. Le bois mort émanait des odeurs de tourbe. Une légère vapeur d’eau remontait de la mousse des pierres. La température était plus douce par l’absence de vent. Le ciel caché par la hauteur des cimes, la couleur sombre teintée de vert laissait quelques reflets lumineux parsemer les troncs de dessins particuliers.

Après une heure de marche les deux enfants s’arrêtèrent au pied d’un arbre majestueux, pour goûter, Maelys interrogea Thomas du regard et lui demanda :

– C’est encore loin, Thomas ?

– Non, Maelys, en ligne droite, nous gagnerons du temps !

Les cieux changeaient d’humeur silencieusement. Les nuages s’aggloméraient grâce à un vent plus fort. Avec leur taille, dans l’antre de la forêt, Maelys et Thomas ne pouvaient deviner l’agitation des cimes.

Le vent commença à siffler plus bas à travers les troncs alors qu’ils avaient repris leur chemin vers la maison éloignée. Une rafale, puis une bourrasque agitèrent les branches basses, ravivant les effluves de sève. Le ciel se couvrait encore et encore jusqu’à laisser les nuages faire la nuit plus tôt. Trop tôt !

Soudainement, des flocons aussi gros que les billes de Thomas couraient dans tous les sens, alourdis et accélérés par la violence du vent. Les deux enfants n’y voyaient plus. Les flocons cognaient leurs paupières agressivement. Déjà, un centimètre recouvrait l’humus. Un quart d’heure plus tard, deux centimètres puis trois s’accumulèrent rendant leur progression difficile. C’était une véritable tempête de neige !

Leurs bottes de neige s’enfonçaient jusqu’aux genoux mouillant leurs pantalons. Les enfants étaient obligés de lever si haut leurs pieds pour ne pas trébucher. Le tapis de neige effacé naturellement les obstacles. Maelys, essoufflée, cria à Thomas son besoin de s’arrêter.

– Maelys, nous ne sommes pas loin, crois-moi. Courage Maelys, quelques mètres encore et nous y sommes !

– Non Thomas, je suis épuisée !

– D’accord, Maelys on peut attendre ici que la neige cesse !

– Thomas, on va mourir de froid ?

– Non ! attends. Je vais nous faire un abri. !

Thomas regardait autour de lui. Il trouva un tronc assez large. Tout en écoutant le sens du vent, il commençait à pelleter la neige, la creusait comme un puits, la tassait sur les côtés. Un mètre de neige les entourait, ensevelissait leurs corps jusqu’au bassin. Thomas vint chercher Maelys par la main, la guidant. Désormais, ils devaient ramper pour avancer.

Dans le nid de neige, Maelys et Thomas essoufflés se regardaient, en position assise. Thomas essayait de réchauffer ses mains. Ses gants trempés ne lui servaient plus. Maelys retirait les siens de sa poche pour les tendre à Thomas en lui disant :

– Tiens, c’est ma grand-mère qui me les a tricotés, ils sont bien chauds !

– Merci, Maelys, attendons que cela se calme puis nous rentrerons !

Ils se blottirent l’un contre l’autre pour se tenir chaud, la tempête ne se calmait point. La sortie était obstruée pour de bon. Deux mètres de poudreuse recouvraient l’ensemble du territoire.

Malgré l’inquiétude de la nuit qui les avait engloutis, les deux enfants restaient calmes.

Maelys tapa sur le bras de Thomas :

– Tu as entendu ? Le bruit, il y a quelque chose dehors !

– Mais non, c’est la neige qui tombe des branches !

Maelys tendait encore plus l’oreille. Le crissement se faisait insistant, scrutant au travers de la buée de sa respiration Maelys aperçue, une toute petite lumière devant elle. « Thomas regarda là, là !

Thomas regardait et vit que ce n’était pas une, mais quatre lumières qui creusaient la neige dans leur direction.

Dans un silence absolu, les deux enfants attendaient en retenant leur souffle. Lorsque les lumières parvinrent à pénétrer dans leur abri de fortune, les enfants découvrirent des elfes d’une beauté parfaite. Elles irradiaient de lumière bleue, verte, or et rouge l’intérieur de l’igloo. L’elfe, couleur or, voleta vers Thomas et lui dit :

– Jeune intrépide, que faites-vous au cœur de la forêt ?

– nous sommes piégés par la neige !

– Je vois, seriez-vous inconscients, à vos jeunes âges ?

L’elfe virevoltait, suivi des trois autres. Leurs lumières rassuraient Maelys qui osa demander de l’aide pour rentrer. L’elfe bleu observait Maelys qui tremblait de tout son corps. Elle lui dit :

– Maelys, concentre-toi sur ma lumière, ainsi tu n’auras plus froid !

Le corps de Maelys s’apaisa instantanément lorsqu’elle fixa l’elfe bleu.

L’elfe or demandait dans un langage inconnu des enfants à l’elfe rouge. Celui-ci sortit immédiatement du monticule par là où ils étaient entrés.

L’elfe vert dit :

– Thomas, nous pouvons lire dans votre esprit. La curiosité des enfants me surprendra toujours. Pourquoi vouloir tout savoir au prix du danger ?

Jeune garçon, en plus tu n’es pas seul dans cette aventure, es-tu inconscient ?

– Maelys est mon amie. Nous voulons savoir qui habite dans la maison éloignée qui ne s’illumine qu’un temps avant Noël. Nos parents disent qu’il n’y a qu’un homme d’affaires qui y loge. N’est-ce pas Maelys ?

– Thomas, c’est bizarre, nous parlons à des elfes. Cela n’existe que dans les contes !

– Faux, les elfes ont toujours existé. Nous sommes les gardiennes du temps, de la Terre, de la mer ainsi que de la forêt. Depuis des siècles, nous sommes le guide des enfants perdus dans cette forêt. Vous n’êtes pas les premiers à vous perdre ainsi !

Thomas rétorqua :

– Nous ne sommes pas perdus. Juste coincés par le temps d’hiver !

– Jeune homme, vous êtes perdu. Depuis que vous êtes sur notre territoire, je veille sur vous. Ta ligne de chemin s’est perdue au détour des troncs à terre. Tu pensais qu’en linéaire le chemin serait plus court, mais tu as oublié que vos pas sont petits et des endroits trop difficiles à passer vous ont obligés à vous détourner de la ligne droite !

Un silence pesant fut interrompu par le crissement de cristaux tassés. L’elfe rouge entra par le petit orifice, effrayant Maelys. Un pan de neige s’effondrait sur l’extérieur. Une truffe apparut suivie de deux pattes aux longues griffes noires ainsi que deux oreilles pointues et velues. La tête regardait Maelys avec des yeux bruns et ronds, elle poussa un petit cri :

– Thomas, un loup !

L’elfe rouge dit aux enfants :

– Ce n’est pas un loup, c’est une louve. Je l’ai fait venir pour qu’elle vous aide. Vos parents se font un sang d’encre en ce moment même. Non seulement vous avez menti, mais en plus vous trahissez la confiance qu’ils ont en vous !

La louve se tenait face à eux. Ses yeux brillaient d’un éclat particulier. Elle regarda l’elfe or et dit :

– Digoine, je sais que je peux, mais avec toute la neige ce poids sur mon dos, cela sera de trop. Nous avons besoin d’aide supplémentaire. Je vais appeler mon ami Trappu. Il pourra plus facilement porter deux enfants à travers ce tapis blanc !

Bien, Jicawa, appelle Trappu. Lugon, va chercher Œil de nuit. Elle seule trouvera le chemin le plus court vers le village. Jicawa, il faut nous hâter avant l’hypothermie !

L’elfe vert s’envola plus loin laissant sa couleur se perdre sur la blancheur hivernale extérieure. La louve Jicawa tout en levant la truffe au ciel demanda aux enfants de se blottir contre elle. Jicawa se mit à hurler “awou, awou,awou” alors que la torpeur de la nuit semblait étouffer son appel.

Maelys enlaça la louve cherchant la chaleur dans sa fourrure. Thomas s’adossait contre elle. Il avait très froid.

Les trois elfes de deux centimètres de hauteur se nichèrent dans la fourrure de Jicawa. Thomas osa une question à Digoine :

– Digoine, vous avez des couleurs différentes. Pourquoi ?

– Tu n’as pas écouté correctement. Je te l’ai dit. Nous sommes les gardiennes de l’eau, de la Terre, du feu et de l’air. L’elfe rouge c’est Picane, gardienne du feu. Lugon est la gardienne de la Terre. Micion est la gardienne de l’air, d’où sa couleur bleue. Quant à moi, je suis Digoine gardienne de l’eau. Depuis l’origine du monde, nous sommes les gardiennes de la vie. Tous les animaux sur cette Terre sont nos émissaires personnels. Ils nous avertissent du danger. Malheureusement, beaucoup de dangers se révèlent et ternissent votre avenir. À l’heure actuelle, il n’y a que les enfants qui peuvent nous voir et nous entendre. En grandissant, votre innocence s’efface. Jeune homme et jeune fille au retour dans votre demeure, je vous demanderai de ne jamais douter de la place des éléments de cette Terre afin de les préserver.

– Digoine, comment peut-on faire ?

– En parlant, en protégeant comme nous nous vous protégeons à cet instant. Chaque chose qui pourtant ne parle pas est vivante et respire, sachez-le !

– Et, enfin, dans la maison éloignée, qui s’y trouve, le savez-vous ?

– Oui, mais c’est un secret. As-tu une idée, Thomas ?

Maelys releva la tête, criant :

– Le père Noël et ses lutins. C’est pour cela que quatre semaines avant Noël, les lumières s’allument !

Digoine se tourna vers Maelys, lui sourit avec tendresse :

– Non, Maelys le père Noël est ailleurs. Il habite en Laponie. N’est-ce pas là que tu lui as envoyé ton courrier avec tous ces petits cœurs ?

– Oui, mais alors qui est dans la maison ?

– Maelys, est-ce une maison que tu vois ?

– Oui, il y a des fenêtres, un toit, comme une maison !

– Maelys ce n’est pas tout à fait une maison. L’illusion le fait croire, c’est aussi bien ainsi. C’est un secret et si je te le révèle, cela ne sera plus un secret. Si vous me promettiez de ne jamais chercher cet endroit même une fois adulte, je pourrai vous mettre dans la confidence. Mais avant, la communauté des elfes doit donner son accord.

Des bruits lourds se dirigeaient vers l’igloo de fortune, s’entendaient de plus en plus. Digoine sortit de la tanière. Dehors, ce n’était plus une tempête de neige, mais un véritable blizzard qui balayait la forêt.

Retournant dans l’abri, Digoine dit à la louve que l’aide était arrivée. Un groin brun sombre, brillant d’humidité s’enfonçait tout en reniflant bruyamment. Trappu poussait la neige accumulée sur les côtés. Trappu dit :

– Jicawa tu m’as appelé. Oh ! tu es là Digoine. Je vois le problème, encore deux téméraires perdus ?

– Trappu, il faudrait les emmener au bord du territoire afin qu’ils retrouvent leurs chaumières avant d’être complètement gelés. Leurs parents les attendent avec inquiétude. Œil de nuit vous guidera. Jicawa sera ton éclaireur en ouvrant la trace dans la neige. Œil de nuit, vous montrera le chemin le plus court. Les enfants, grimpez sur le dos de Trappu, accrochez-vous bien à sa fourrure. Trappu, prends bien soin d’eux.

Le sanglier se positionna. Thomas aida Maelys à grimper sur le dos. Thomas fit de même. Œil de nuit, une chouette effraie au pelage aussi blanc que la neige planait au-dessus d’eux, ses yeux d’or, en miroir dans la nuit, seraient leur guide visuel.

– Trappu, ne tarde pas. Jicawa en avant. L’elfe or se concerta avec l’elfe rouge, vert et bleu, puis se rapprocha de l’oreille de Maelys et lui chuchota “promet-moi !”

– Je te promets Digoine !

– Chaque année, lorsque le froid étreint la vie, les lumières que tu vois correspondent à la réunion des elfes qui essayent de sauver la nature. Bien souvent, nous clignotons plus forts, car nous sommes en colères, ou tristes de voir tout ce que l’homme détruit par inconscience ou par besoin. Rappelle-toi Maelys, tu as promis. Si l’an prochain, nous ne pouvons plus nous retrouver, car le secret a été brisé, la vie s’éteindra, plus d’air, de Terre, d’eau, ni de feu. N’oublie jamais, une promesse est une promesse !

– Oh Digoine, c’est triste cela, que pouvons-nous faire pour que cela n’arrive pas.

– Garder le secret Maelys. Préserver chaque minute, chaque chose vivante comme une pierre précieuse. Regarder la vie dans son entier, la comprendre et la préserver !

Digoine ordonna à Trappu de se mettre en route. Œil de nuit, plus en avant, Jicawa traçant un passage dans la neige. Le chemin fut long jusqu’à l’orée du bois. Les lampadaires illuminés la chaussée enneigée. Les enfants se retournèrent vers leurs sauveurs pour leur dire merci. Thomas prit la main de Maelys pour la raccompagner chez elle. Il lui dit:

– Pardon, Maelys, j’attendrai d’être plus grand pour t’emmener sur des terres inconnues !

– Thomas, je ne t’en veux pas. Je voulais également savoir. Après cette aventure, je vais écrire une autre lettre au père Noël !

– Et que vas-tu lui demander ?

– De préserver la nature. Si d’autres enfants se perdent dans la forêt, les elfes pourront encore les aider. Thomas, chut, c’est un secret !

Chacun rentra chez lui. Il était tard trop tard pour être grondé. Les parents rassurés attendraient demain de plus amples explications. Les enfants avaient besoin de se réchauffer à cet instant. Maelys jetait un regard au-dessus du village. Des lumières scintillèrent. Maelys pensa : Les elfes sont fâchés. Elle attrapa une feuille et un stylo. Elle s’appliquait » Cher père Noël, mon souhait de cadeau pour cette année est que : la nature soit préservée pour que les lumières continuent à briller dans l’hiver ! »

De son côté Thomas, devant le feu de la cheminée dit à son père :

– Quand je serai grand, je veux être préservateur de la nature et de la planète Terre. Est-ce que cela existe comme métier ?

– Non mon fils. Mais tu peux le créer ce métier, il est beau !

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